La personnalité est-elle un facteur influençant pour être « écolo » ?

Êtes-vous fait.e pour être « écolo » ? Du rôle de la personnalité, du statut socioéconomique et du positionnement politique.

Dans un article précédent1, nous nous intéressions à certaines raisons pour lesquelles les individus agissent de manière écologique ou non en abordant notamment la question du manque de connaissances sur le sujet ou encore celle de l’absence d’alternatives plus écologiques à un comportement. Néanmoins, certain.e.s d’entre nous ont un terrain plus favorable que d’autres à agir en faveur de l’environnement. Il semblerait ainsi que l’âge, le genre, le niveau d’éducation, l’idéologie politique, la catégorie socio-professionnelle ou encore la personnalité puissent être des facteurs influençants.2

Dans cet article, nous vous donnerons alors quelques éléments issus de la littérature scientifique vous permettant de voir si vous êtes « fait.e » pour être écolo.  

 

Quels traits de personnalité pour quels effets pour l’environnement ?

La personnalité peut permettre d’expliquer une part importante de l’adoption de comportements écologiques.3 En psychologie, différents modèles de personnalité ont été développés dont le modèle du big-5 et le modèle HEXACO et qui ont été beaucoup mobilisés pour comprendre quels traits de personnalité étaient le plus corrélés à une façon d’agir en faveur de l’environnement. Le big-5 propose 5 traits de personnalité principaux : l’ouverture (aux idées nouvelles, à la curiosité), la conscienciosité (liée à l’organisation, au respect des règles), l’extraversion (liée au dynamisme, à la recherche de la compagnie des autres), l’agréabilité (liée à la compassion et à la coopération) et le neuroticisme (liée à la tendance à ressentir des émotions négatives).4

Le modèle HEXACO propose les mêmes 4 premiers traits que le big-5 et y ajoute le trait lié à l’émotivité (qui concerne l’appréhension ou la sensibilité) et celui d’honnêteté-humilité (qui concerne la modestie, la sincérité et l’équité).5

Dans la littérature, il semblerait que les personnes étant les plus ouvertes soient également celles qui agissent le plus de manière écologique. Les personnes ayant les plus hauts scores d’agréabilité, qui sont les plus empathiques et le plus altruistes sont également celles qui ont le plus de comportements pro-écologique.6,7,8 On observe aussi que les personnes les plus consciencieuses peuvent aussi agir plus que les autres en faveur de l’environnement, dépendant de ce qui est mesuré dans les recherches. Des chercheurs ont en effet trouvé un lien avec le fait de faire des économies d’énergie7, tandis que d’autres ont seulement trouvé une légère corrélation avec le fait d’avoir des considérations environnementales.9 Enfin le dernier trait de personnalité pour lequel on trouve une corrélation avec des comportements pro-environnementaux est celui de l’honnêteté-humilité. Les personnes les plus sobres, modestes et à la recherche d’équité seraient en effet aussi celles qui sont le plus écolos.6,8

Tous ces traits de personnalité font plus généralement parti d’une catégorie de personnalité que l’on peut définir comme une personnalité proactive. Elle se définit comme une personne qui « cherche des opportunités, prend des initiatives et persévère pour apporter des changements significatifs ».6 Ce sont aussi des traits de personnalité qui font référence à l’idée d’être « un bon citoyen », c’est-à-dire que ces personnes considèrent que les comportements écologiques sont des comportements socialement acceptables et préférables et vont ainsi davantage les adopter.6

D’un point de vue social, quel profil est le plus enclin à agir de manière pro-écologique ?

Au-delà de la personnalité des individus, certains profils sociaux seraient aussi davantage enclins que d’autres à s’engager pour l’environnement. On observe ainsi qu’être une femme, être jeune, avoir un haut niveau d’éducation, un meilleur salaire, un emploi et surtout un haut poste et vivre dans une grande ville sont des facteurs liés à l’adoption de comportements écologiques.2, 10

Comment interpréter de tels résultats ? De manière général, ils peuvent s’expliquer par le fait que ce type de profil sociologique a davantage accès à l’information concernant le changement climatique (avoir un haut diplôme, vivre dans une grande ville ou avoir un emploi permet d’avoir ces informations) et a donc plus de leviers pour agir en faveur de la cause environnementale. Mais cela s’explique aussi par une question d’opportunités en termes de pouvoir et d’alternatives écologiques mobilisables. En effet, avoir un meilleur salaire donne la possibilité d’opter pour des modes de transports plus doux mais aussi plus coûteux. Également, avoir un haut poste donne davantage de marge de manœuvre pour mettre en place des mesures écologiques au sein de son entreprise.

Concernant l’âge, ces résultats peuvent s’expliquer par une question d’habitude (les générations plus âgées étant parfois moins au fait des considérations écologiques que les plus jeunes) et par le fait que les effets du changements climatiques les impacteront plus que les anciennes générations. Pour autant, l’idée que les jeunes s’engageraient plus dans des comportements écologiques que les plus âgé.e.s reste encore en questionnement puisque certaines études ont observé plutôt un effet inverse.2 Il semblerait ainsi que d’autres paramètres entrent en ligne de compte comme celui de la culture du pays où ont lieu les recherches par exemple. 

Enfin, les femmes adoptent davantage de comportements pro-écologiques que les hommes car elles développent globalement plus de valeurs altruistes que ces derniers.11 Cela nous renvoie alors au fait que les personnes ayant des traits de personnalité plus altruistes sont aussi celles qui agissent plus écologiquement. On peut également faire l’hypothèse que, comme il est plus désirable socialement que les femmes prennent soin des autres, alors il est aussi plus désirable socialement qu’une femme agisse écologiquement.

De quelle façon la sensibilité politique oriente la façon d’agir au niveau écologique ?

Sur le plan politique, être de gauche ou avoir des idées libérales semble être davantage un terreau fertile à l’adoption de comportements écologiques qu’avoir des idées conservatrices.2 Pour autant, des chercheurs ont montré que des comportements pro-écologiques peuvent être aussi adoptés chez des individus conservateurs par le biais de la générativité.12 La générativité, selon Éric Erikson, c’est le fait d’avoir de l’intérêt et de l’attention pour les générations futures et pour le monde dans lequel celles-ci vivront. Ainsi, bien que des individus aient des idées conservatrices, s’ils et elles font preuve de générativité, alors ils et elles s’engageront quand même dans des comportements écologiques.

En substance, bien que la recherche en psychologie ait permis de dégager certains critères de personnalité, sociaux ou politiques favorables pour la cause écologique, ils ne doivent pas justifier le statu quo lorsque vous n’y correspondez pas, et ce d’autant plus que certains d’entre eux font encore l’objet de débats au sein même de la communauté scientifique. En revanche, ce qui a été prouvé par des chercheur.euse.s, c’est qu’agir de manière écolo, ça rend aussi plus heureux.se.8 Plus spécifiquement, plus nous avons des tendances altruistes, plus nous cherchons l’équité, plus nous sommes raisonné.e.s et économiques, plus nous aurions tendance à expérimenter un sentiment de bonheur.8 Alors qu’attendez-vous pour être plus heureux.se en agissant de manière écologique ?

Les problématiques environnementales vous questionnent et vous souhaitez pousser vos salariés et votre entreprise dans la transition écologique ? N’hésitez pas à contacter l’équipe OASIS Environnement !

Cédric THIERS, Psychologue Social

Sources :

1 https://www.oasis-environnement.org/comportements_plus_ecologiques/

2 Mercedes Sánchez, Natalia López-Mosquera & Fernando Lera-López (2015): Improving Pro-environmental Behaviours in Spain. The Role of Attitudes and Socio-demographic and Political Factors, Journal of Environmental Policy & Planning, DOI: 10.1080/1523908X.2015.1046983

3 Putrawan, I. M., & Ningtyas, L. D. (2020). Students’ Pro-Eco Behavior Related to Healt Based on Environmental Big-Five Personality and Self-efficacy. Indian Journal of Public Health Research & Development, 11(1), 1828-1833.

4 https://fr.wikipedia.org/wiki/Mod%C3%A8le_des_Big_Five_(psychologie)

5 https://fr.wikipedia.org/wiki/Mod%C3%A8le_HEXACO

6 Pavalache-Ilie, M., & Cazan, A. M. (2018). Personality correlates of pro-environmental attitudes. International journal of environmental health research, 28(1), 71-78.

7 Milfont, T. L., & Sibley, C. G. (2012). The big five personality traits and environmental engagement: Associations at the individual and societal level. Journal of Environmental Psychology, 32(2), 187-195.

8 Corral-Verdugo, V., Mireles-Acosta, J. F., Tapia-Fonllem, C., & Fraijo-Sing, B. (2011). Happiness as correlate of sustainable behavior: A study of pro-ecological, frugal, equitable and altruistic actions that promote subjective wellbeing. Human Ecology Review, 95-104.

9 Hirsh, J. B. (2010). Personality and environmental concern. Journal of environmental psychology, 30(2), 245-248.

10 Chen, X., Peterson, M. N., Hull, V., Lu, C., Lee, G. D., Hong, D., & Liu, J. (2011). Effects of attitudinal and sociodemographic factors on pro-environmental behaviour in urban China. Environmental Conservation, 38(1), 45-52.

11 Félonneau, M. L., & Becker, M. (2008). Pro-environmental attitudes and behavior: Revealing perceived social desirability. Revue internationale de psychologie sociale, 21(4), 25-53.

12 Barnett, M. D., Archuleta, W. P., & Cantu, C. (2019). Politics, concern for future generations, and the environment: Generativity mediates political conservatism and environmental attitudes. Journal of Applied Social Psychology, 49(10), 647-654.