Généralisation du tri des biodéchets à la source : quelles solutions pour les entreprises ?
Si la réglementation le prépare depuis plusieurs années avec la loi AGEC (Anti-Gaspillage pour une Economie Circulaire), c’est une étape conséquente qui se concrétise à compter du 1er janvier 2024, avec la généralisation de l’obligation du tri des biodéchets à la source pour tous : producteurs, collectivités, ménages, entreprises, …
Tri à la source des biodéchets : quels enjeux ?
Encore un tiers de nos poubelles sont des déchets organiques
Les biodéchets constituent l’ensemble des « déchets non dangereux biodégradables de jardin ou de parc, les déchets alimentaires ou de cuisine provenant des ménages, des bureaux, des restaurants, du commerce de gros, des cantines, des traiteurs ou des magasins de vente au détail, ainsi que les déchets comparables provenant des usines de transformation de denrées alimentaires » (Article L541-1-1 du Code de l’environnement). Plus simplement, ce sont les déchets provenant de l’alimentation ou les déchets verts (plantes, jardin…).
Environ 30% de nos poubelles sont composées de matières organiques : à l’échelle de Nantes Métropole, les déchets alimentaires représentent 32% des déchets collectés dans les ordures ménagères (poubelle bleue). Ce sont autant de déchets qui nécessitent d’être transportés, puis incinérés ou enfouis alors qu’ils pourraient être valorisés autrement. Un biodéchet est constitué de 60 à 90% d’eau : incinérer ce type de déchet représente donc une dépense énergétique importante, pourtant facilement évitable.
Pourquoi valoriser les biodéchets ?
Composter permet de reproduire le cycle de la nature, en favorisant la transformation des déchets organiques par des micro-organismes et évitant ainsi le transport, l’incinération ou l’enfouissement avec d’autres déchets. Le compost va servir d’engrais naturel et gratuit pour les plantes. Il enrichit le sol et lui permet de mieux retenir l’eau, tout en facilitant la diffusion des nutriments. Il augmente aussi la fertilité de la terre, en favorisant la vie du sol et le développement des racines.
Que dit la réglementation ?
Pour rappel, la loi Anti Gaspillage pour une Économie Circulaire (AGEC), est une loi qui a été publiée en 2020 et qui se décline en 5 axes :
- sortir du plastique jetable ;
- mieux informer les consommateurs ;
- lutter contre le gaspillage et pour le réemploi solidaire ;
- agir contre l’obsolescence programmée ;
- mieux produire.
Cette feuille de route permet à la France de se fixer des objectifs à atteindre chaque année afin d’être dans une dynamique d’économie circulaire et de réduction de déchet.
La loi AGEC est une réelle opportunité pour accélérer les changements de modèles de production et de consommation avec un réel impact pour favoriser l’économie circulaire.
L’obligation du tri à la source généralisée au 1er janvier 2024
C’est une étape conséquente qui se concrétise à compter du 1er janvier 2024, avec la généralisation de l’obligation du tri des biodéchets à la source pour tous : producteurs, collectivités, ménages, entreprises, …
Toutes les entreprises sont concernées, et ce quelle que soit la quantité de biodéchets générée. Concrètement, les entreprises sont désormais tenues de mettre en place des solutions pour séparer leurs biodéchets des autres déchets, afin qu’ils puissent être valorisés, soit par la voie du compostage soit par celle de la collecte séparée, pour en faire du compost ou du biogaz par méthanisation.
Entreprises, quelles solutions ?
Il existe plusieurs solutions de tri à la source des biodéchets, qui peuvent être scindées en deux grandes catégories : le compostage (en établissement ou collectif) et la collecte séparée (par un prestataire extérieur).
Le choix de la solution la plus pertinente dépend notamment de la quantité de biodéchets produite sur votre site, ainsi que des contraintes inhérentes à votre site : espace extérieur à disposition, motivation des salarié.es, …
Le compostage, en établissement ou collectif, permet une valorisation de vos biodéchets directement sur place, avec peu ou pas de transport. De plus, vous pourrez valoriser votre entreprise et le travail de vos équipes auprès de votre clientèle. De cette solution résulte un compost utilisable localement, dans vos espaces verts, par exemple. Une réflexion sur l’usage qui sera fait du compost est indispensable pour que le système fonctionne durablement.
Le choix du compostage implique néanmoins un suivi par une personne formée. Il nécessite aussi un espace extérieur alloué au compostage. Enfin, il peut ne pas être adapté à des volumes trop importants de biodéchets.
La collecte séparée fait appel à un prestataire extérieur (public ou privé). Elle est synonyme de gestion simplifiée et permet d’avoir une meilleure traçabilité. Cependant, la possibilité d’une collecte séparée dépend de l’existence d’une telle solution sur votre territoire : si le service public ne propose pas de collecte aux professionnels, vous devrez souscrire une prestation avec un acteur privé. À noter que le transport des déchets alimentaires a, lui aussi, un impact environnemental, mais permet de valoriser les biodéchets en compostage industriel ou méthanisation.
Notre avis : quand la taille de l’entreprise le permet, privilégiez le compostage sur site ! Outre la possibilité de valoriser cet engagement comme partie intégrante de votre démarche environnementale, mettre en place un composteur sur votre site constitue un premier pas vers d’autres actions engagées pour la préservation de la biodiversité. Si votre entreprise dispose d’espaces verts, d’autres actions peuvent être envisagés sur le site : plantation de petits fruitiers, mise en place d’un potager, éco pâturage…
Une étude conduite sur la Région Île-de-France a montré que les espaces verts des entreprises représentent 26% de leur occupation du sol, et 15% des parcs et jardins. Les entreprises ont donc un rôle à jouer pour favoriser le retour de la biodiversité.
Mettre en place un compost sur site : comment s’organiser ?
Choisir un composteur
Selon vos besoins, il existe différents types de composteurs :
- Composteur en extérieur, à se procurer auprès d’entreprises privées ou auprès des collectivités territoriales. Vous pouvez facilement en créer un avec les plus motivés de vos salarié·e·s. Les composteurs les plus courants se présentent sous forme de bac (n’hésitez pas à nous contacter pour des conseils d’achat). Comptez une centaine d’euros d’investissement. En cas de production importante de biodéchets (plus de 40kg par jour), le composteur rotatif peut constituer une alternative intéressante.
- Composteur en intérieur, par exemple le lombricomposteur. Bien utilisé, il ne dégage pas d’odeur et ne nécessite pas beaucoup d’entretien. Le bokashi, parfois appelé composteur urbain, peut constituer une alternative intéressante faisant appel à un processus de fermentation.
Un espace dédié devra être défini pour l’emplacement du composteur.
Organiser la gestion du composteur
Plusieurs options s’offrent à vous selon la taille de votre structure et le degré de motivation de vos collaborateurs.trices :
- Mettre en place un agenda partagé avec inscription de binômes/trinômes référent.e.s pour un courte durée (2-3 semaines), avec transmission des informations au changement d’équipe
- Former 2 ou 3 salarié.e.s référent.e.s qui seront responsables pour plusieurs mois. Des formations de « maître-composteur » sont dispensées par des organismes de formation et peuvent être intéressantes pour renforcer les compétences de l’équipe.
Les bio-seaux peuvent être vidés par l’équipe en charge ou par le service de nettoyage.
Les référent.e.s auront pour mission de :
- Veiller à l’équilibre du composteur
- Créer des temps conviviaux (2 à 3 par an) autour du composteur lors d’évènements tels que le retournement du compost, la distribution ou l’étalement du compost dans les espaces verts, l’information des nouveaux salarié.e.s au fonctionnement
- Communiquer régulièrement sur les bonnes pratiques du compostage auprès des équipes, du service de nettoyage et de la direction
Focus : les clés de réussite de son compost
- Une nourriture équilibrée entre des éléments carbonés (dit « bruns ») que sont les cartons, les branchages, le marc de café, la paille et des éléments azotés (dit « verts ») épluchures, reste de légumes, fruits. Une proportion d
- Une bonne oxygénation : aération passive en mettant de temps en temps quelques brindilles de bois ou aération active en retournant le compost tous les mois avec une fourche.
- Un taux d’humidité constant pour permettre un bon compostage. Il faut noter que les déchets « verts » apportent un niveau d’humidité important contrairement aux déchets « marrons ».
Le composteur abrite un écosystème très riche en bactéries, en champignons et en décomposeurs de plus grandes tailles (vers de terre, cloportes, larves etc…) permettant un processus de compostage optimal.
Que faire de son compost ?
Une réflexion sur l’usage qui sera fait du compost est indispensable pour que le système fonctionne durablement.
Pour une entreprise du secteur tertiaire d’environ 50 salariés, la quantité de compost générée est équivalente à 2 à 3 brouettes par an (décomposition 80-90%).
La mise en place d’un compostage permet une valorisation des biodéchets directement sur place avec une utilisation possible des matières après 9 à 12 mois : amendement de vos espaces verts (au pied des plantes, haies…) ou en mélange avec de la terre pour les plantes d’intérieur. Le compost peut également être distribué aux salariés.
Lever les freins
Voici quelques pistes pour lever les freins les plus courants :
- Quid des odeurs et des rongeurs ? Un compost bien alimenté et entretenu ne génère pas de mauvaises odeurs, et n’attire pas spécifiquement les rongeurs
- Le budget : un composteur simple peut être construit par vos soins (à base de palettes par exemple) ou acheté (compter une centaine d’euros)
- Et si nous mettons principalement du marc de café ? Equilibré en carbone et azote, le marc de café n’empêchera pas le processus de compostage, il sera simplement un peu moins qualitatif
Dans tous les cas, installer un composteur est une opération réversible en cas de gros dysfonctionnement, n’hésitez pas à vous lancer !
Une 2ème option : la mise en place d’une collecte séparée par un prestataire externe
Si vous choisissez de ne pas composter sur site, la 2ème option est de faire appel à un prestataire externe.
Selon le fonctionnement décidé par la collectivité dans laquelle se situe votre établissement, vos biodéchets pourront éventuellement être collectés avec ceux des ménages. Dans le cas contraire, c’est à l’entreprise de faire appel à un prestataire de collecte. N’hésitez pas à mutualiser avec d’autres entreprises présentes sur votre site.
La valorisation des biodéchets s’effectuera dans des unités spécifiques (plateformes de compostage, unités de méthanisation).
En pratique, dans votre établissement, vous devrez mettre au point un système de collecte, afin de réunir les biodéchets produits par votre activité. Puis vous devrez définir la fréquence à laquelle ce bac doit être sorti pour être collecté.
Pour optimiser le tri, il faut mobiliser vos équipes autour d’instructions claires, notamment sur le contenu autorisé dans la poubelle des biodéchets et les modalités de collecte. Le prestataire en charge de la collecte de vos biodéchets pourra vous apporter l’ensemble des conseils nécessaires à la mise en place de ces procédures.
Les acteurs de la région nantaise : à qui s’adresser ?
Pour la mise en place d’un composteur sur site, OASIS Environnement peut vous accompagner sur l’achat et l’installation d’un composteur et la sensibilisation et formation au compostage pour vos salarié·e·s. Contactez-nous !
Voici également un tour d’horizon des acteurs pouvant vous accompagner en région nantaise, n’hésitez pas à les contacter pour mettre en place une collecte séparée, former vos référent·e·s, …
REFLEX-BIORESSOURCES pour un accompagnement global
Terra Compost à Nantes | Compost In Situ et Les Alchimistes Loire Atlantique pour une collecte et un compostage en circuit court
LES BOITES VERTES et Bio-t-full pour sensibiliser vos collaborateur·rices et accompagner cette nouvelle pratique